fr / en

  • Calendrier
  • En cours
  • À venir
  • Publics
  • À propos
  • Publications
  • Informations pratiques
  • Archives Bétonsalon
  • Villa Vassilieff
  • Newsletter
  • Rechercher
  • Colophon
  • Facebook
  • Twitter
  • Instagram
  • Bétonsalon - centre d'art et de recherche

    9 esplanade Pierre Vidal-Naquet

    75013 Paris
    +33.(0)1.45.84.17.56
    Adresse postale
    Bétonsalon - centre d'art et de recherche
    Université de Paris
    5 rue Thomas Mann
    Campus des Grands Moulins
    75205 Paris Cédex 13

Sensible Grounds : Communities of Oblivion

Bétonsalon — centre d’art et de recher­che
invite
Sensible Grounds : Communities of Oblivion
Une assem­blée : pro­jec­tions, per­for­man­ces, tra­duc­tions, conver­sa­tions, publi­ca­tions
Par Ayreen Anastas et Rene Gabri
Curatrice : Azar Mahmoudian
14, 15 et 16 décem­bre 2021

En 2007, Ayreen Anastas et Rene Gabri étaient à Paris avec leur ami François Bucher. Ils y cher­chaient et y pro­je­taient des films pro­duits en France dans les années 1960. L’un·e quitta Paris pour la République auto­nome d’Artsakh, fondée treize ans plus tôt et plus connue sous l’ère sovié­ti­que comme le Haut-Karabakh, pour enquê­ter sur les condi­tions de vie une décen­nie après la sortie d’un long conflit armé pour l’auto­dér­mi­na­tion au début des années 1990. L’autre entre­pris un voyage avec l’objec­tif d’adap­ter l’œuvre de Nietzsche Ainsi Parlait Zarathoustra au monde ara­bo­phone contem­po­rain.

En 2021, en pleine pan­dé­mie, Ayreen Anastas et Rene Gabri revien­nent à Paris pré­sen­ter leurs der­niers films, fruits de leurs tra­vaux de ces der­niè­res années. Le pre­mier, Black Bach Artsakh, s’entend comme un essai musi­cal en réponse à l’inva­sion du Haut-Karabakh par les forces armées azéris et tur­ques au lourd bilan côté armé­nien : 4000 vic­ti­mes et 60000 exi­lé·es, contraint·es à aban­don­ner leur foyer et la terre de leurs ancê­tres. Le second, An Untimely Film for Every One and No One, réa­lisé avec le regretté Jean-Luc Nancy, tente de donner corps à une ren­contre entre Nietzsche et les mondes arabes au len­de­main des révo­lu­tions de 2011, dans leur confron­ta­tions avec les formes orga­ni­sés de la vio­lence d’État.

Ces films s’ins­cri­vent dans la pro­gram­ma­tion de la Conference in Shards [« Conférence en Éclats » ] (cycle de confé­ren­ces ima­giné par les artis­tes). Assemblage frag­menté de films, de per­for­man­ces et de conver­sa­tions brèves, ce cycle tente de com­pren­dre le monde, de ré-ima­gi­ner le vivre-ensem­ble à tra­vers l’expres­sion de posi­tions et d’expé­rien­ces sin­gu­liè­res.

Communities of Oblivion est le titre de son édition pari­sienne. Elle tour­nera autour de la ques­tion sui­vante : peut-on affron­ter les défis exis­ten­tiels actuels qui s’oppo­sent à l’être humain sur Terre sans tenir compte des pro­fon­des bles­su­res du passé ou des pra­ti­ques et des infra­struc­tu­res de l’oubli qui légi­ti­ment et péren­ni­sent les vio­len­ces d’aujourd’hui à tra­vers le monde ? Comment affron­ter ces états et leurs com­mu­nau­tés cons­trui­tes sur l’oubli quand leur arro­gance, leur supré­ma­tie, leur pou­voir et leur richesse repo­sent sur des siè­cles de colo­ni­sa­tion, de racia­li­sa­tion, d’asser­vis­se­ment, de sexisme, de coer­ci­tion, de conver­sion, d’endoc­tri­ne­ment, d’enfer­me­ment, de spo­lia­tion, d’expo­si­tion, d’exploi­ta­tion, d’arra­che­ment et d’autres outils de vio­lence orga­ni­sée ? Recentrer la ques­tion autour de l’idée de com­mu­nauté telle que l’a posée Jean-Luc Nancy dans son ouvrage La Communauté désoeu­vrée est une façon de pro­lon­ger l’idée de L’Entretien infini, for­mu­lée par l’un de ses contem­po­rains dis­pa­rus, Maurice Blanchot.

À mesure que le temps et la mémoire se déploient, les conflits poli­ti­ques contem­po­rains sem­blent répé­ter le passé. Comment éviter de décrire ces expé­rien­ces « chro­ni­ques » comme des failles patho­lo­gi­ques ? Comment ne pas occulter ces batailles der­rière la conti­nuité de l’Histoire ? Tentons de conce­voir cet aspect chro­ni­que comme un étirement du temps et envi­sa­geons ainsi une mul­ti­pli­cité de ryth­mes et d’acteur·­ri­ces. Un tel point de vue permet de consi­dé­rer ces liens trans­his­to­ri­ques comme des points d’accro­che, de ren­contre et de conver­gence des luttes.

Dernièrement, cette confé­rence a permis de pro­je­ter les films Inhale à la Fundació Antoni Tàpies à Barcelone, That’s How We Undo It au Lux à Londres et Tuning Into the Rhythms of the Chronic à la Nida Art Colony à Neringa, en Lituanie.

Ce pro­gramme est pré­senté dans le cadre du projet de la Commission Européenne orga­nisé par l’ENSAD et Bétonsalon – centre d’art et de recher­che à Paris 4Cs : from Conflict to Conviviality through Creativity and Culture. Le 4Cs a été co-fondé par Europe Créative (2017-2021) sous la coor­di­na­tion de l’Universadade Católica Portuguesa de Lisbonne.

PROGRAMME

Mardi 14 Décembre à 19h
Projection suivie d’une dis­cus­sion

Ayreen Anastas et Rene Gabri, Black Bach Artsakh, 2021
150 min
Arménien, anglais – Sous-titrage fran­çais
Doublage en fran­çais per­formé en direct par Mélanie Nittis et Gérard Der Haroutiounian. Traduction en fran­çais de Carla Bottiglieri.

Black Bach Artsakh est le nom d’un monde. Un monde qui vit dans le film et en tant que film. Non seu­le­ment ceux·el­les qui le vision­nent l’habi­tent, mais il·el­les pren­nent soin de lui et assu­rent sa survie en le regar­dant. Ainsi, ce film n’est pas qu’une forme de résis­tance aux oppres­seur·e·s et à ceux·el­les qui nient le géno­cide armé­nien et conti­nuent de le jus­ti­fier : c’est un film qui se situe au-delà d’elleux.

Si un film est un docu­ment, il doit alors porter la marque d’un lieu et d’un ins­tant précis. Ce film rap­pelle les évènements qui se sont tenus dans l’Artsakh en 2007, exac­te­ment 13 ans après la fin des vio­len­ces contre les habi­tant·es armé­nien·­nes du Haut-Karabakh qui lut­taient pour leur liberté et leur sou­ve­rai­neté et 13 ans exac­te­ment avant l’inva­sion, en 2020, par le gou­ver­ne­ment auto­ri­taire d’Azerbaïdjan, aidé par l’armée turque et plu­sieurs mil­liers de mer­ce­nai­res syrien·­nes afin de conqué­rir et de placer ce ter­ri­toire sous son contrôle.
Un film comme un témoi­gnage est capa­ble de dés­ta­bi­li­ser toute posi­tion de sou­ve­rai­neté ; c’est ce que reven­di­que ce film. Il vit dans un temps qui n’est ni celui, linéaire, de l’Histoire, ni celui de la fic­tion, mais un temps proche de l’éternité. Le choix de la bande-son s’est donc tout natu­rel­le­ment porté vers Johann Sebastian Bach.

Mercredi 15 Décembre à 17h
Projection suivie d’une dis­cus­sion
Ayreen Anastas et Rene Gabri, Untimely Film for Every One and No One, 2018
90 min
Anglais, alle­mand, fran­çais, arabe – Sous-titrage anglais

En 2007, Ayreen Anastas a voyagé en Algérie, en Égypte, en Jordanie, au Liban, au Maroc, en Syrie et en Tunisie, col­lec­tant des images pour un projet alors appelé A Film For Every One and No One. L’artiste l’avait ima­giné comme une adap­ta­tion de l’œuvre de Nietzsche Ainsi par­lait Zarathoustra dans le monde arabe contem­po­rain. Depuis le tour­nage de ces images, une grande partie de cette région et du monde a bas­culé dans une période de trou­bles. Ces images ont pris un inté­rêt, un sens et une force toute autre. Le film demeu­rait ina­chevé. Avec l’aide de Rene Gabri et du phi­lo­so­phe Jean-Luc Nancy, l’artiste a tenté d’abou­tir à une ver­sion intem­pes­tive de l’œuvre. Nietzsche consi­dère l’intem­pes­tif comme le fait qu’une chose ne relève ni des goûts, ni des atten­tes ni des métho­des pro­pres à leur époque. Alors que la ver­sion ori­gi­nale du film confron­tait l’écriture et la pensée de Nietzsche aux condi­tions de vie contem­po­rai­nes dans le monde arabe, cette ver­sion confronte sa pensée et son écriture à la chute et au chaos dans le monde arabe. Elle a pour trame his­to­ri­que le trou noir qui n’a cessé de s’étendre pen­dant les dix années qui ont suivi le voyage ini­tial.

19h – Intervention de Françoise Vergès
Approche de Communities of Oblivion par le prisme de l’his­toire colo­niale fran­çaise et les prin­ci­pes du fémi­nisme déco­lo­nial.

http://cen­tre­par­rhe­sia.org/shards/letter_to_f.htm

Jeudi 16 Décembre à 16h
Projection suivie d’une inter­ven­tion

Ayreen Anastas et Rene Gabri, Black Bach Artsakh, 2021
150 min
Arménien, anglais – Sous-titrage fran­çais
Doublage en fran­çais des pas­sa­ges parlés en direct par Mélanie Nittis et Gérard Der Haroutiounian.

19h – Intervention de Raymond Kévorkian
Approche de Communities of Oblivion : l’après-géno­cide armé­nien et les infra­struc­tu­res de l’oubli, la per­sis­tance du déni.

https://cen­tre­par­rhe­sia.org/shards/letter_to_r.htm

BIOGRAPHIES

Ayreen Anastas et Rene Gabri
Ayreen Anastas et Rene Gabri n’affec­tion­nent pas le concept de bio­gra­phie ; la bio­gra­phie ayant ten­dance à être l’expres­sion d’une forme étroite d’iden­tité et de vécu et à être réduite à la force d’une plume. L’affran­chis­se­ment tem­po­raire de ses codes per­met­trait au genre bio­gra­phi­que une expres­sion plus pro­fonde, plus poé­ti­que que celle qui répond aux codes clas­si­ques et d’éviter ainsi un cer­tain fata­lisme. Si le ou les sujets dont on par­lait ne s’ins­cri­vaient pas dans cette logi­que inté­rio­rité/exté­rio­rité, cause/effet, volonté/action, ori­gine/fina­lité, com­ment cons­truire une bio­gra­phie ? En met­tant de côté la ques­tion du succès, on pour­rait axer une bio­gra­phie dif­fé­rem­ment : qu’est-ce qu’un accom­plis­se­ment dans la vie ? Peut-on l’attri­buer à un·e indi­vidu ? Est-ce que cela réside en l’indi­vidu ? Quand les condi­tions exté­rieu­res (l’air, l’eau, le régime, le contexte his­to­ri­que, social, poli­ti­que, géo­gra­phi­que) entrent-elles en consi­dé­ra­tion ? Et qu’en est-il lors­que la vie res­sem­ble plus à un entre­la­ce­ment d’évènements, d’actions, de trans­for­ma­tions, d’états tem­po­rai­res plus ou moins glo­rieux qu’à un fil nar­ra­tif plat et mono­tone com­posé d’un début, d’un milieu et d’une fin ? Une bio­gra­phie aussi courte répon­dra dif­fi­ci­le­ment à ces ques­tions, mais son refus de rem­plir son objec­tif codi­fié lui confè­rera au moins un poten­tiel d’abro­ga­tion.

Gérard Der Haroutiounian
Gérard Der Haroutiounian est musi­co­lo­gue et ensei­gnant en musi­que et en his­toire des arts. Il joue du târ et ses nom­breux séjours en Arménie lui ont permis de déve­lop­per sa tech­ni­que auprès du maître Hovannes Darbinian. Il par­ti­cipe à de nom­breux ensem­bles musi­caux ainsi qu’à des pro­jets artis­ti­ques où il com­pose pour illus­trer des pièces de théâ­tre et des contes. Il a également suivi des cours de chant lyri­que en conser­va­toire avec Mme Véronique Hazan.
Par ailleurs, il est diplômé de l’uni­ver­sité de la Sorbonne depuis 2006 pour ses recher­ches sur la musi­que armé­nienne. À ce titre, il inter­vient lors de col­lo­ques, de confé­ren­ces et d’émissions radio­pho­ni­ques : Radio-France (2006) ; Festival Baroque de Pontoise (2010) ; Cité de la Musique à Paris (2012) ; No Border à Brest (2013) ; Colloque International sur Komitas à Paris (2018) ; France Culture avec Yann Lagarde « Komitas gar­dien du réper­toire armé­nien » (2020)…
Il a également rédigé des arti­cles divers : livret du CD Ararat de Canticum Novum en 2017 ; Les ombres sono­res de Tina Modotti (Paragone, 2018) ; Les Héros armé­niens (Campus numé­ri­que armé­nien, 2020)…

Raymond H. Kévorkian
Historien, direc­teur de recher­che émérite à l’uni­ver­sité Paris 8 Saint-Denis, pré­si­dent de la Fondation Armenian Génocide Museum-Institut (Erevan). Ses tra­vaux por­tent sur le temps long de l’his­toire (com­mis­sa­riat d’expo­si­tions et de musées à Byblos et Jérusalem) et le géno­cide des Arméniens et ses consé­quen­ces, et plus géné­ra­le­ment les vio­len­ces de masse.
Dernière publi­ca­tions : Le Génocide des Arméniens, Paris : Odile Jacob, 2006 ; Comprendre le géno­cide des Arméniens, Paris, Tallandier, 2015 (avec H. Bozarslan, V. Duclert) ; Collective and State Violence in Turkey, The Construction of a National Identity from Empire to Nation-State, New York/Oxford : Berghahn, 2021 (avec S. Astourian).

Azar Mahmoudian
Azar Mahmoudian est une cura­trice indé­pen­dante. Récemment, elle est à l’ori­gine du pro­gramme audio­vi­suel Sensible Grounds dont la pro­gram­ma­tion 2021 inclut les pro­jec­tions de Inhale à la Fundació Antoni Tàpies à Barcelone, That’s How We Undo It au Lux à Londres et Tuning Into the Rhythms of the Chronic à la Nida Art Colony en Lituanie. On y retrouve les notions de liens trans­his­to­ri­ques et de concré­ti­sa­tion phy­si­que de la mémoire et du temps inter­gé­né­ra­tion­nel, déjà pré­sen­tes dans d’autres pro­jets tels que When Legacies Become Debts pré­senté aux Mosaic Rooms de Londres en 2019. Elle s’engage dans la créa­tion d’espa­ces et dans la péda­go­gie expé­ri­men­tale, dans des pro­jets à long terme, et uti­lise la tech­no­lo­gie des cap­teurs sen­so­riels dans les pan­neaux expli­ca­tifs de ses expo­si­tions. De 2017 à 2020, elle est la co-cura­trice de Shifting Panoramas, un pro­gramme de bour­ses de créa­tion, de sémi­nai­res et de rési­den­ces au Musée d’Art Contemporain de Téhéran (TMOCA) mais également hors-les-murs dans la capi­tale Iranienne et à Berlin au KW Institute for Contemporary Art et au Deutsches Architektur Zentrum (DAZ). De 2010 à 2015, elle co-dirige Kaf, un espace col­lec­tif à Téhéran. En 2020, elle lance le pro­gramme d’étude indé­pen­dant A Summer School : For a Summer Yet to Come à Téhéran.

Mélanie Nittis
Helléniste et eth­no­mu­si­co­lo­gue, Mélanie Nittis est char­gée de cours à l’INALCO sur les arts en Grèce, ainsi qu’en eth­no­mu­si­co­lo­gie de l’Europe cen­trale et orien­tale. Elle est membre de la Société Française d’Ethnomusicologie (SFE) et de la Société d’Études Néohelléniques (SEN) dont elle est actuel­le­ment la secré­taire. Elle est également cher­cheur asso­cié au Centre d’Étude et de Recherche sur les Littératures et les Oralités du Monde (CERLOM).
Lauréate du Prix de la Maison des Cultures du Monde en 2014, elle a sou­tenu en sep­tem­bre 2020 sa thèse de doc­to­rat inti­tu­lée L’impro­vi­sa­tion poé­ti­que chan­tée à Olympos (Karpathos, Grèce) : dyna­mi­ques contem­po­rai­nes d’un rituel para­li­tur­gi­que. Pour ce tra­vail, elle vient d’obte­nir un prix solen­nel de thèse de la Chancellerie des Universités.

Françoise Vergès
Écrivaine, acti­viste, fémi­niste, éducatrice public, cura­trice indé­pen­dante.
Dernière publi­ca­tion : De la vio­lence colo­niale dans l’espace public, Paris, Shed Publishing, 2021.

Partager

Archives Bétonsalon