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  • Bétonsalon - centre d'art et de recherche

    9 esplanade Pierre Vidal-Naquet

    75013 Paris
    +33.(0)1.45.84.17.56
    Adresse postale
    Bétonsalon - centre d'art et de recherche
    Université de Paris
    5 rue Thomas Mann
    Campus des Grands Moulins
    75205 Paris Cédex 13
  • Candice Lin : A Hard White Body (Un corps blanc exquis)
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  • BS n°22
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  • Événements

    ÉVÉNEMENTS PASSÉS

    Les événements publics liés à l’expo­si­tion Un corps blanc exquis ont été conçus par Lotte Arndt en par­te­na­riat avec Temporary Gallery, Cologne. Ils for­ment un cycle inti­tulé Objets trou­blants, objets inquiets. Au-delà des cer­ti­tu­des clas­si­fi­ca­toi­res (Disturbing Objects, Disquiet Objects. Going Beyond Classificatory Certainties).

    À Bétonsalon - Centre d’art et de recher­che, Paris

    Aykan Safoğlu, image extraite de Off-White Tulips, 2013, vidéo, 24 min.

    Samedi 9 septembre, 15h


    Résidences pré­cai­res (Precarious Homes) avec Jamika Ajalon, Candice Lin, Aykan Safoğlu, pro­jec­tion d’Off-White Tulips (2013) d’Aykan Safoğlu (film sélec­tionné par Clara López Menéndez)
    *En anglais / In English

    La décla­ra­tion de James Baldwin selon laquelle il ne se sen­tait chez lui que là où il était étranger atteste de son expé­rience pro­lon­gée de non-appar­te­nance. Ses dépla­ce­ments fré­quents en dehors des Etats-Unis, ses exils et ses voya­ges appa­rais­sent comme des stra­té­gies pré­cai­res pour échapper au racisme et à l’homo­pho­bie, sans jamais y par­ve­nir. Son désir de sta­bi­lité domes­ti­que, jamais plei­ne­ment assouvi, était inti­me­ment lié aux dis­cri­mi­na­tions racis­tes sys­té­mi­ques comme indi­vi­duel­les, et aux efforts inces­sants qu’il déploya pour lutter contre celles-ci.
    Au-delà des États-Unis, les séjours étendus de l’écrivain à Paris, à Istanbul et à Saint-Paul-de-Vence for­mè­rent des étapes plus ou moins hos­pi­ta­liè­res, au cours des­quel­les des ami­tiés fortes se cons­ti­tuaient, le sou­la­geant momen­ta­né­ment de ses souf­fran­ces émotionnelles et socia­les, des contrain­tes col­lec­ti­ves et indi­vi­duel­les.

    Dans les écrits de Baldwin, le foyer est décrit comme le résul­tat pré­cieux et pré­caire d’un enga­ge­ment émotionnel auda­cieux, défiant les normes, et moquant les caté­go­ries et les tabous raciaux et sexuels. Un don de soi qu’il décrit dans La Chambre de Giovanni comme « la puan­teur de l’amour ». Les ras­sem­ble­ments noc­tur­nes débor­dants qui avaient lieu sur la ter­rasse de sa maison en Provence ont ins­pi­rés The Welcome Table, l’un de ses der­niers textes, laissé ina­chevé. Aujourd’hui menacé par la cons­truc­tion d’appar­te­ments de luxe, l’endroit abri­tait une com­mu­nauté cons­ti­tuée par des pro­ches et des inconnu.e.s deve­nant ami.e.s, pas­sant leurs nuits à dis­cu­ter, à se confron­ter, à se réconci­lier en pre­nant soin les un.e.s des autres.

    Les artis­tes par­ti­ci­pant à cet événement public ont choisi de se rap­por­ter à Baldwin à partir d’affi­ni­tés électives, de faire réson­ner leurs tra­jec­toi­res dia­spo­ri­ques avec les erran­ces qui jalon­nè­rent la vie de l’écrivain, et de négo­cier les fron­tiè­res per­pé­tuel­le­ment chan­gean­tes des attri­bu­tions racia­les et des désirs sexuels.

    15h Visite com­men­tée de l’expo­si­tion avec Candice Lin

    15h45 Accueil et intro­duc­tion avec Lotte Arndt, Lucas Morin (com­mis­sai­res de l’expo­si­tion) et Regina Barunke (Temporary Gallery, Cologne)


    16h Squatting Giovanni’s Room (Squatter la Chambre de Giovanni) par Jamika Ajalon, une anti-confé­rence audio-visuelle

    « Cette confé­rence per­for­ma­tive se concen­trera sur les com­plexi­tés de l’alté­rité telle que décrite dans les textes de Baldwin. Elle se basera sur ses œuvres Notes of a Native Son, Another Country, et Giovanni’s Room (La Chambre de Giovanni). Les frag­ments issus de ces textes s’entre­mê­le­ront à une auto­bio-mytho­gra­phie : Baldwin ne m’a pas sim­ple­ment ras­su­rée à une période où je me sen­tais alié­née ; il m’a également poussé à regar­der les choses avec un œil « futu­riste », par-delà les concep­tions essen­tia­li­sées de l’iden­tité. Alors que le dis­cours hégé­mo­ni­que blanc pro­po­sait une pola­ri­sa­tion sim­pli­fiée du « blanc vs noir » et que les codes en usage dans une large partie de la rhé­to­ri­que afro­cen­trée excluait les expé­rien­ces queer et alter­na­ti­ves des per­son­nes raci­sées, les récits de Baldwin aux mul­ti­ples facet­tes arti­cu­laient géné­reu­se­ment les com­plexi­tés des iden­ti­tés inter­sub­jec­ti­ves. Elles ont fourni un refuge pré­caire pour l’expé­rience dia­spo­ri­que qui était la mienne, celle d’une fémi­niste noire amé­ri­caine qui a vécu et tra­vaillé en Europe depuis pres­que 20 années.
    Cette anti-confé­rence audio-visuelle rési­dera dans un espace inter­mé­diaire tou­jours en mou­ve­ment, ali­menté de sons, d’apar­tés phi­lo­so­phi­ques, de vidéos, de prose et de poésie, le tout abordé à tra­vers un prisme afro-futu­riste. »

    À propos de Jamika Ajalon
    Jamika Ajalon est une artiste inter­dis­ci­pli­naire ayant col­la­boré avec des créa­tifs du monde entier. Ses médiums sont la créa­tion orale et écrite, le son, la pho­to­gra­phie, la vidéo et la musi­que. Elle a grandi aux Etats-Unis, et a obtenu un diplôme de l’uni­ver­sité Goldsmiths de Londres. Elle vit et tra­vaille en Europe depuis 20 ans.

    16h45 Pause

    17h Projection de Kirik Beyaz Laleler (Off-White Tulips) d’Aykan Safoğlu, TUR/GER 2013, turc sous-titré anglais, 24 min

    Dans cet essai fil­mo­gra­phi­que dense, Aykan Safoğlu entre­mêle des éléments du récit datant de l’époque où James Baldwin résida en Turquie avec des éléments auto­bio­gra­phi­ques. Entre 1961 et 1971, l’écrivain noir amé­ri­cain a passé une partie impor­tante de son temps en Turquie, lui offrant l’espace néces­saire pour se consa­crer à l’écriture. Bien qu’il fut cha­leu­reu­se­ment accueilli par ses amis turcs, par la com­mu­nauté d’artis­tes et d’écrivain.e.s, il fit également l’expé­rience du racisme et fut sévè­re­ment battu durant son séjour. Comme le sug­gère Magdalena J. Zaborowska dans son étude des liens tissés par Baldwin en Turquie, ses séjours lui ont permis de « se réin­ven­ter en tant qu’écrivain noir et queer et de reconsi­dé­rer sa concep­tion de l’iden­tité amé­ri­cain et des rela­tions racia­les états-unien­nes alors que les années 60 tou­chaient à leur fin. » Safoğlu lui même gran­dit à Istanbul dans les années 1980 et 1990. À l’âge adulte, il quitta la Turquie pour Berlin, ville qui lui pro­cura davan­tage de pos­si­bi­li­tés pour com­bler ses aspi­ra­tions d’artiste queer, mais fut exposé à la pré­ca­rité des permis de rési­dence de courte durée et au racisme en Allemagne.

    À partir d’archi­ves, le réa­li­sa­teur entre­lace les évolutions artis­ti­ques de Baldwin, des repré­sen­ta­tions de l’écrivain par des artis­tes (parmi les­quel­les l’un des célè­bres tableaux de Beauford Delaney, et une pho­to­gra­phie de Sedat Pakay), et des traces de son enfance et de son ado­les­cence. Des stra­té­gies de résis­tance face au racisme et à l’homo­pho­bie sont pré­sen­tes dans ce récit. Alors que Safoğlu pointe l’attrait pour la blan­cheur et la blon­deur pré­sent dans la culture popu­laire turque et amé­ri­caine des années 1990 ; il prend cons­cience du conflit qui existe entre ses pro­pres désirs sexuels et les repré­sen­ta­tions hété­ro­nor­ma­ti­ves. Sur son statif de repro­duc­tion, Safoğlu initie un dia­lo­gue trans­his­to­ri­que avec Baldwin per­met­tant de faire réson­ner les choix et les expé­rien­ces de l’écrivain avec les siens.

    Récompensé au Festival International du Court-Métrage de Oberhausen en 2013.
    Le film pro­jeté a été sélec­tionné par Clara López Menéndez.

    À propos d’Aykan Safoğlu
    Par sa pra­ti­que artis­ti­que, Safoğlu forge des rela­tions, quel­ques fois d’amitié, tra­ver­sant des fron­tiè­res cultu­rel­les, géo­gra­phi­ques, lin­guis­ti­ques et tem­po­rel­les. Initiant ses ami­tiés au fil de sa recher­che, Safoğlu rend queer, com­pli­que et revi­site l’his­toire de figu­res célè­bres telles que celle de James Baldwin, des artis­tes Paul Thek et Ulay, en enche­vê­trant leur par­cours au sien. Travaillant avec la vidéo, la pho­to­gra­phie et la per­for­mance, il trans­forme des inves­ti­ga­tions ouver­tes en lien, créa­ti­vité et appar­te­nance cultu­relle.

    Né en 1984 à Istanbul, Safoğlu a étudié à Universität der Künste, Berlin, et à la Milton Avery Graduate School of the Arts du Bard College, Annandale-on-Hudson et fut rési­dent de l’ate­lier SAHA, Rijksakademie van Beeldende Kunsten à Amsterdam. Il a par­ti­cipé à des expo­si­tions col­lec­ti­ves telle que Father Figures are Hard to Find, nGbK, Berlin (2016) ; THE BILL : For Collective Unconscious, Artspace, Auckland, (2016) ; Home Works 7, Ashkal Alwan, Beyrouth (2015), et ses films ont été pro­jeté dans de nom­breux fes­ti­vals inter­na­tio­naux de cinéma. Il vit et tra­vaille à Berlin.


    Vladimir Ceballos, extrait de Maldito sea tu nombre, libertad, 1994, VHS, 61 min.

    Samedi 21 octobre, 15h

    Baigner dans des liqui­des conta­gieux (Bathing in Contagious Liquids) avec Élisabeth Lebovici, Clara López Menéndez, Petra Van Brabandt, pro­jec­tion de Maldito sea tu nombre, liber­tad (1994) de Vladimir Ceballos (film sélec­tionné par Clara López Menéndez)
    *En anglais / in English

    Dans l’expo­si­tion de Candice Lin, des liqui­des en cir­cu­la­tion lient corps animés et ina­ni­més, fai­sant réson­ner des récits dis­tants en appa­rence. L’océan Atlantique, pré­sent à tra­vers les his­toi­res déve­lop­pées dans l’expo­si­tion, contient la mémoire des afri­cain.e.s escla­va­gisé.e.s jeté.e.s par dessus bord par les négriers, vou­lant ainsi tou­cher des primes d’assu­rance. C’est ce même océan que l’écrivain James Baldwin a tra­versé pour s’éloigner pen­dant des années du racisme sys­té­mi­que pré­va­lant aux Etats-Unis et le dénon­cer en se concen­trant sur l’écriture.
    Les liqui­des cons­ti­tuent les corps et en brouillent les limi­tes. Dans l’espace d’expo­si­tion, un mélange de pisse dis­til­lée, d’eau de la Seine et de plan­tes infu­sées est pompé vers un sys­tème de bru­mi­sa­tion qui main­tient une cham­bre en por­ce­laine non-cuite dans un état d’humi­dité. L’air moite et odo­rant pro­duit par ce sys­tème emplit la pièce et met en jeu tous les corps pré­sents, indif­fé­rem­ment de leur statut d’ani­méité.
    Les tra­vaux des inter­ve­nan­tes invi­tées por­tent sur les liqui­des et leurs usages artis­ti­ques, en par­ti­cu­lier l’impact de l’épidémie de sida, ainsi que les pra­ti­ques queer et fémi­nis­tes dans le champ de l’art et au-delà.

    15h Visite guidée de l’expo­si­tion de Candice Lin, A Hard White Body (Un corps blanc exquis), avec les com­mis­sai­res.

    15h30 Introduction et mot de bien­ve­nue par Lotte Arndt et Lucas Morin (com­mis­sai­res de l’expo­si­tion)

    15h45 Petra Van Brabandt : To Heat By Melting

    Qu’ont en commun La nais­sance de Vénus de Cabanel, les Anthropométries de Klein et la Self-obli­té­ra­tion de Kusama ? Qu’est-ce qui lie La Pisseuse de Picasso aux aqua­rel­les de Marlene Dumas et à Between the Waves de Tejal Shah ? Toutes ces œuvres déploient des esthé­ti­ques humi­des, c’est à dire une expé­rience esthé­ti­que réa­li­sée par l’inte­rac­tion sen­si­ble avec l’humi­dité. Ces esthé­ti­ques impli­quent de fortes réso­nan­ces érotiques ou sexuel­les et pro­dui­sent des réac­tions vis­cé­ra­les jusque dans les corps des spec­ta­teurs et spec­ta­tri­ces.

    Petra Van Brabandt est phi­lo­so­phe. Elle ensei­gne la sémio­ti­que, la théo­rie de l’art et la cri­ti­que cultu­relle à Sint-Lucas School of Arts (Anvers, Belgique). Elle est membre du groupe de recher­che Art&Narrativity. Sa recher­che porte sur les dimen­sions socio­po­li­ti­ques de l’art. Elle écrit et donne des confé­ren­ces à propos de l’art et du fémi­nisme, de la por­no­gra­phie, du post­co­lo­nia­lisme et de la paresse. Ses tra­vaux en cours por­tent sur les esthé­ti­ques humi­des dans l’art et la por­no­gra­phie.

    16h30 Projection de Maldito sea tu nombre, liber­tad de Vladimir Ceballos, USA, 1994, espa­gnol sous-titré anglais, 61’

    La confron­ta­tion entre le bloc capi­ta­liste et le bloc com­mu­niste a pris fin en 1989. Alors que Cuba, hau­te­ment dépen­dante du sou­tien sovié­ti­que, en a été for­te­ment dés­ta­bi­li­sée, le gou­ver­ne­ment de Fidel Castro a raf­fermi son insis­tance sur les valeurs socia­lis­tes telles que défi­nies par le parti. Celles-ci contras­taient avec les goûts musi­caux et esthé­ti­ques de jeunes Cubain.es pas­sioné.es de rock appelé.es roquer@s, consi­déré.es par les auto­ri­tés comme por­tant l’indi­vi­dua­lisme et la disi­den­cia, et sévè­re­ment réprimé.es en consé­quence.
    En réponse au har­cè­le­ment poli­cier envers cette sub­culture, plu­sieurs de ses mem­bres ont décidé de s’ino­cu­ler volon­tai­re­ment le VIH pour échapper au ser­vice mili­taire, au tra­vail forcé ou à l’empri­son­ne­ment. Ils et elles ont vécu leurs cour­tes vies dans les sana­to­riums créés par le gou­ver­ne­ment cubain pour conte­nir l’épidémie. Maldito sea tu nombre, liber­tad est un pré­cieux docu­ment attes­tant de ce phé­no­mène comme d’une réponse à la répres­sion poli­ti­que. Tourné en secret avec peu de moyens le temps d’un week-end dans la pro­vince cubaine de Pinar del Río en 1994, ce film pré­sente une des quel­ques rares traces de cette tra­gé­die sociale com­plexe.

    Vladimir Ceballos est un réa­li­sa­teur et mon­teur de cinéma qui vit et tra­vaille à Providence, Rhode Island, aux États-Unis.
    Le film a été selec­tionné et sera intro­duit par Clara López Menéndez.

    17h30 Élisabeth Lebovici et Clara López Menéndez échangeront autour du film de Vladimir Ceballos, des « liqui­des pré­cieux » ana­ly­sés par Lebovici dans son récent ouvrage Ce que le sida m’a fait : art et acti­visme à la fin du XXe siècle (Paris, Les pres­ses du réel, 2017), et de la poro­sité, la fra­gi­lité et la rela­tion­na­lité des corps.




    Historienne et cri­ti­que d’art, acti­viste et auteure, Élisabeth Lebovici a été jour­na­liste au ser­vice culture de Libération entre 1991 et 2006. Elle est la coau­teure, avec Catherine Gonnard, de Femmes artis­tes/ Artistes femmes (Hazan, 2007) et tient le blog http://le-beau-vice.blog­spot.com. En 2017, elle a publié Ce que le sida m’a fait, Paris, Les pres­ses du réel, 2017, un récit intime et poli­ti­que des imbri­ca­tions entre art et acti­visme, vu par le prisme de l’épidémie de SIDA dans les années 1980 et 1990 en France et aux États-Unis.

    Clara López Menéndez est une tra­vailleuse de l’art dans les domai­nes du com­mis­sa­riat, de la cri­ti­que d’art, de la péda­go­gie et de la per­for­mance. Elle est actuel­le­ment artiste en rési­dence au California Institute of the Arts. Elle a dirigé la BOFFO Fire Island Art Residency en 2014 et 2015 et dirige la pla­te­forme de cinéma expé­ri­men­tal Dirty Looks LA. Elle a été publiée dans Mousse, Art News, Bomb, Little Joe et Girls Like Us. Elle tra­vaille actuel­le­ment au projet A new job to unwork dont résul­tera une expo­si­tion à Participant Inc. (New York, Etats-Unis) à l’été 2018.


    Samedi 25 novembre, 16h


    IN ANY (WAY,) SHAPE OR FORM avec des per­for­man­ces de Géraldine Longueville (Paris) et Simon Speiser (Berlin), sur l’invi­ta­tion de Marie Sophie Beckmann (Goethe-Institut Fellow 2017)

    Une simple chaus­sette et une paire de sous-vête­ments mas­cu­lins frois­sés sont soli­di­fiés en objets de por­ce­laine. Les plan­tes, les fleurs et les herbes appa­rais­sent comme des des­sins, elles pous­sent à partir des sculp­tu­res et sont sus­pen­dues pour sécher. Les che­veux et la pous­sière col­lent à la sur­face humide de la cham­bre à cou­cher en por­ce­laine, la moi­sis­sure s’y déve­loppe, des fla­ques de pisse dis­til­lée se for­ment sur les draps. Une voix désin­car­née habite l’espace. Les images en mou­ve­ment appa­rais­sent sur des draps semi-trans­pa­rents et flot­tants.
    L’expo­si­tion A Hard White Body (Un corps blanc exquis) de Candice Lin, en elle-même un écosystème sculp­tu­ral ins­ta­ble, met en jeu la (ré)appa­ri­tion, la (re)connexion et la (re)mise en forme des liqui­des, des corps, des maté­riaux et des récits.

    Reprenant ces pro­cé­dés, les per­for­man­ces des artis­tes Géraldine Longueville et Simon Speiser explo­rent des moments d’échange, de tra­duc­tion et de trans­for­ma­tion. IN ANY (WAY,) SHAPE OR FORM est un après-midi de par­tage d’eaux et d’his­toi­res (de plan­tes et de lieux) au sein de l’ins­tal­la­tion de Candice Lin.

    16h A State of Water. Performance de Géraldine Longueville
    *en fran­çais
    Chaque plante pro­vient d’une source, porte une his­toire, contient des connais­san­ces. Géraldine Longueville pro­pose une dégus­ta­tion d’eaux infu­sées de plan­tes et d’herbes dans les­quel­les ces récits sont racontés, les sour­ces révé­lées et les savoirs par­ta­gés. Le goût ? Amer.



    Géraldine Longueville vit et tra­vaille à Paris. Sa pra­ti­que a com­mencé en 2005 en tant que com­mis­saire, en explo­rant les for­mats de l’expo­si­tion. Elle a nourri l’inven­ti­vité des artis­tes en créant des modes d’expo­si­tion sou­ples et mul­ti­ples, et de par­tage avec un public sous la forme d’un spec­ta­cle, d’une rési­dence, d’une chan­son, d’un poème ou d’un repas. De 2011 à 2013, elle a col­la­boré avec les artis­tes David Bernstein et Jurgis Paskevicius sous le nom de Juguedamos. En 2014, elle a fondé Black garlic, un ate­lier de pro­duc­tion col­la­bo­ra­tif en art et gas­tro­no­mie, dirigé avec la chef Virginie Galana et le studio de design gra­phi­que Commune. Depuis 2015, elle col­la­bore avec La Piscine, projet cho­ré­gra­phi­que réa­lisé pour un seul public avec de mul­ti­ples outils, initié avec l’artiste Myriam Lefkowitz. Depuis, elle fabri­que des bois­sons et des potions qui remet­tent en ques­tion les notions d’accueil, de média­tion et de trans­mis­sion. Elle tra­vaille actuel­le­ment sur un amer sur mesure com­mandé par le Centre d’Art Contemporain CAC Brétigny pour sa col­lec­tion en 2018.

    17h Performance de Simon Speiser
    *en anglais
    « Dans la forêt, l’acte d’amour cons­truit un pont entre les espè­ces, la flore uti­lise l’agi­lité de la faune pour impré­gner à dis­tance » - Simon Speiser lit une nou­velle his­toire avec un tour­nant de science-fic­tion sur l’amour des arbres en trans­for­mant un pay­sage natu­rel en une impres­sion numé­ri­que en noir et blanc sur le moment.

    Simon Speiser (né en 1988 à Ratisbonne, Allemagne) est actuel­le­ment basé à Berlin. Travaillant avec la sculp­ture, le texte, la vidéo et la gra­vure, il « tire des fic­tions expé­ri­men­ta­les d’un au-delà récem­ment devenu per­cep­ti­ble, où l’art embar­rasse la science-fic­tion, où la sculp­ture pénè­tre la fan­tai­sie et le lec­teur doit ren­contrer les textes reconnais­sa­bles les plus étranges concoc­tés en dehors de sa propre tête » (Mark Von Schlegell). Simon Speiser a étudié les beaux-arts à l’Akademie der Bildenden Künste de Stuttgart avec le pro­fes­seur Christian Jankowski et le pro­fes­seur Alexander Roob. En 2014, il obtient son diplôme de la Staatliche Hochschule für bil­dende Künste Städelschule de Francfort-sur-le-Main, après avoir étudié avec Willem de Rooij, Michael Krebber et Mark von Schlegell. Au cours des der­niè­res quatre années, il a par­ti­cipé à plu­sieurs expo­si­tions de groupe et solo dans des ins­ti­tu­tions, des gale­ries et des espa­ces indé­pen­dants tels que le Frankfurter Kunstverein ; MMK Museum für moderne Kunst Francfort-sur-le-Main ; Alexander Levy Gallery, Berlin ; Croy Nielsen, Berlin ; Oracle, Berlin ; et MMCA Seoul. 

    IN ANY (WAY,) SHAPE OR FORM est orga­nisé à l’occa­sion du Goethe-Institut Fellowship 2017.

    En 2016, le Goethe-Institut et la Villa Vassilieff ont créé ensem­ble un pro­gramme de rési­dence de recher­che pour les com­mis­sai­res d’expo­si­tion alle­mands. Chaque année, un com­mis­saire est invité à déve­lop­per un projet de recher­che à la Villa Vassilieff, en par­te­na­riat avec une ins­ti­tu­tion alle­mande avec la pos­si­bi­lité de dia­lo­guer avec plu­sieurs ins­ti­tu­tions inter­na­tio­na­les (musées, archi­ves, écoles, publics). Cette bourse est attri­buée en paral­lèle aux pro­gram­mes Focus, orga­ni­sés chaque année par le Goethe-Institut dans une ville alle­mande.

    Marie Sophie Beckmann (née en 1989 à Brême, Allemagne) est la Goethe-Institut Fellow 2017. Elle tra­vaille comme écrivaine et com­mis­saire d’expo­si­tion à Berlin. Elle a obtenu son master en études cura­to­ria­les à la Goethe-Universität et à la Staatliche Hochschule für bil­dende Künste - Städelschule de Francfort-sur-le-Main en 2016 avec une thèse sur le Cinema of Transgression. En 2015, elle a cofondé l’ini­tia­tive cura­to­riale EVBG qui se concen­tre sur le cinéma contem­po­rain, l’art vidéo et les pra­ti­ques artis­ti­ques fémi­nis­tes. Marie Sophie Beckmann est doc­to­rante dans le pro­gramme Konfigurationen des Films (Configurations de film) de la Goethe-Universität de Francfort-sur-le-Main.


    Gaston Velle, extrait de Les fleurs animées, 1906

    Samedi 2 décembre, 15h


    Passagers clan­des­tins (Stowaways)
    avec Samir Boumediene, Teresa Castro, Laura Huertas Millán

    À l’époque où la bota­ni­que fai­sait partie inté­grante des explo­ra­tions trans­at­lan­ti­ques, la jeune pay­sanne et her­bo­riste Jeanne Baret se tra­ves­tis­sait en valet de son maitre et amant, le bota­niste Philibert Commerson, et embar­quait à bord de L’Étoile, l’un des navi­res de l’expé­di­tion de Bougainville (1766-1769). Voyageuse impé­riale, ce per­son­nage clé de l’expo­si­tion de Candice Lin, A Hard White Body (Un corps blanc exquis), occupe une place trou­ble et ambi­guë : par son voyage, elle reven­di­quait la pos­si­bi­lité d’un hori­zon de vie alors défendu aux femmes. Cependant, elle contri­buait par là à l’entre­prise impé­riale de conquête du monde ainsi qu’à la colo­ni­sa­tion du savoir par la clas­si­fi­ca­tion des plan­tes qu’elle col­lec­tait dans les Amériques et les îles de l’océan Indien.

    L’acti­vité de Baret amène au cœur de la connexion entre plan­tes et empire, entre projet occi­den­tal et mas­cu­lin de domi­na­tion et résis­tan­ces rusées, mul­ti­ples et pra­ti­ques. Établissant des connexions trans­at­lan­ti­ques, les voya­ges d’explo­ra­tions ne se résu­maient jamais à des cir­cu­la­tions à sens unique. Au contraire, parmi les pas­sa­gers clan­des­tins se trou­vent outre les humains voya­geant en cachette, ou sous cou­vert d’une iden­tité emprun­tée, des grai­nes, des semen­ces, des bac­té­ries et virus, des plan­tes et ani­maux qui se dis­sé­mi­nent de part et d’autres de l’océan. Puissances indomp­ta­bles, ces corps sans pas­se­ports ni fiche d’inven­taire débor­dent la volonté de mai­trise, se par­sè­ment, s’incrus­tent et se démul­ti­plient en inte­rac­tion avec leurs terres d’accueil.

    Samir Boumediene : Autour de la magie amou­reuse
     

    « Tabac, coca, quin­quina, cacao, gaïac, peyotl, poi­sons, abor­tifs… De 1492 au milieu du XVIIIe siècle, les Européens s’appro­prient en Amérique d’innom­bra­bles plan­tes médi­ci­na­les. Au moyen d’expé­di­tions scien­ti­fi­ques et d’inter­ro­ga­toi­res, ils col­lec­tent le savoir des Indien.ne.s ou des escla­va­gisé.e.s pour mar­chan­der des dro­gues, et élaborent avec elles les pre­miè­res poli­ti­ques de santé. Dans le même temps, inqui­si­teurs et mis­sion­nai­res inter­di­sent l’usage rituel de cer­tai­nes plan­tes et se confron­tent aux résis­tan­ces des gué­ris­seurs [et gué­ris­seu­ses]. Botanique, frau­des et sor­cel­le­rie : entre les forêts amé­ri­cai­nes et les cours du Vieux Monde, l’étude de Samir Boumediene raconte l’expan­sion euro­péenne comme une colo­ni­sa­tion du savoir. »

    Samir Boumediene
    est his­to­rien, chargé de recher­ches au CNRS (IHRIM, ENS Lyon). Il est auteur de La colo­ni­sa­tion du savoir. Une his­toire des plan­tes médi­ci­na­les du Nouveau Monde (1492-1750), Les éditions des mondes à faire, 2016.

    Teresa Castro : Le cinéma et quel­ques-unes de ses fables végé­ta­les
     


    Au cinéma, le végé­tal s’anime : les arbres dan­sent, les cham­pi­gnons fré­mis­sent et les fleurs tour­noient. Grâce à ses res­sour­ces expres­si­ves et à sa puis­sance fabu­la­trice, le cinéma - médium de la moder­nité et avatar de l’objec­ti­vité - devient ainsi, et para­doxa­le­ment, le divul­ga­teur de « l’âme végé­tale », bou­le­ver­sant les fron­tiè­res du vivant et engen­drant des inten­tion­na­li­tés plus ou moins sur­pre­nan­tes. En par­tant de quel­ques exem­ples très divers, du cinéma scien­ti­fi­que aux films de série B, cette pré­sen­ta­tion se pro­pose d’explo­rer quel­ques-unes des fables végé­ta­les fabri­quées par le cinéma, en met­tant l’accent sur la façon dont celles-ci asso­cient par­fois le végé­tal et le fémi­nin.
     
    Teresa Castro
    est Maître de confé­ren­ces en études ciné­ma­to­gra­phi­ques et audio­vi­suel­les à l’uni­ver­sité Sorbonne Nouvelle – Paris 3. Ancienne cher­cheuse post-doc­to­rante au musée du quai Branly et au Max Planck Institute for the History of Science de Berlin, elle a publié La pensée car­to­gra­phi­que des images. Cinéma et culture visuelle (2011) et codi­rigé avec Maria do Carmo Piçarra (Re)ima­gi­ning African Independence : Film, Visual Arts and the Fall of the Portuguese Empire (2017). Sa recher­che actuelle porte sur les liens entre cinéma et ani­misme.

    Laura Huertas Millán : Voyage en la terre, autre­ment dite, 2011, 23’, cou­leur, stéréo, DCP

    Projection et dis­cus­sion avec l’artiste autour de son film.
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    Accompagnant les conquê­tes impé­ria­les, les récits de voya­ges d’explo­ra­tion natu­relle et eth­no­gra­phi­que par­ti­ci­pent à l’inven­tion des ter­ri­toi­res colo­ni­sés. La récur­rence de cer­tains tropes, une dra­ma­tur­gie pres­que géné­ra­li­sée qui laisse surgir ce monde nou­veau pour les Occidentaux, laisse per­ce­voir à quel point les atten­tes des voya­geurs impé­riaux façon­nent leur objet.
    Voyage en la terre autre­ment dite se base sur un corpus large de ces récits d’explo­ra­tions et s’inter­roge sur la per­sis­tance des ima­gi­nai­res exo­ti­sants dans le cinéma contem­po­rain. Il est entiè­re­ment tourné dans le huis clos d’une serre équatoriale à Lille, cons­truite en 1970 par l’archi­tecte Jean-Pierre Secq. Tout comme il reve­nait aux « eth­no­lo­gues en fau­teuil » (arm­chair eth­no­lo­gists) de cano­ni­ser un savoir sur les terres colo­ni­sées et leurs habi­tant.e.s, l’ima­gi­naire des Amériques se com­pose ici au tra­vers de récits qui pré­fi­gu­rent le regard. Le film inves­tit cet ima­gi­naire et vient aus­si­tôt le dés­ta­bi­li­ser en intro­dui­sant des déca­la­ges, des camou­fla­ges et des irri­ta­tions, mineu­res et majeu­res.
     
    Laura Huertas Millán
    (1983) est une artiste et réa­li­sa­trice franco-colom­bienne. Elle est diplô­mée de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et du Fresnoy et détient un doc­to­rat d’art et de créa­tion por­tant sur les fic­tions eth­no­gra­phi­ques (ENS Ulm, Beaux-Arts de Paris). En 2014 elle a été cher­cheuse invi­tée au Sensory Ethnography Lab. Entre 2014 et 2017, elle a été cher­cheuse invi­tée au Film Study Center de la Harvard University.
    Ses films sont dif­fu­sés au cinéma et dans des ins­ti­tu­tions artis­ti­ques. Son der­nier film,
    Sol Negro (2016) a été récom­pensé au FIDMarseille (France), à Doclisboa (Portugal) et au Fronteira Film Festival (Brésil).
    Les tra­vaux de Laura Huertas Millán entre­la­cent les genres, mêlant docu­ments et dif­fé­ren­tes formes de fic­tion. Utilisant l’écriture comme une exten­sion de sa pra­ti­que ciné­ma­to­gra­phi­que, elle a récem­ment publié dans Spike Art Quarterly en col­la­bo­ra­tion avec Raimundas Malasauskas.




    À Temporary Gallery, Cologne

    Vendredi 13 octo­bre, 19h
    La matière en mou­ve­ment : effa­ce­ments et resur­gis­se­ments avec Mathieu K. Abonnenc, Susanne Leeb

    Vendredi 3 novem­bre, 19h
    Contrebandières. Excroissances et col­lec­tions tour­men­tées avec Pauline M’barek, Tahani Nadim, Kerstin Stoll


    Le pro­gramme Objets trou­blants, objets inquiets. Au-delà des cer­ti­tu­des clas­si­fi­ca­toi­res reçoit le sou­tien du fonds franco-alle­mand pour l’art contem­po­rain et l’archi­tec­ture Perspektive.

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