fr / en

  • Calendrier
  • En cours
  • À venir
  • Publics
  • À propos
  • Publications
  • Informations pratiques
  • Archives Bétonsalon
  • Villa Vassilieff
  • Newsletter
  • Rechercher
  • Colophon
  • Facebook
  • Twitter
  • Instagram
  • Bétonsalon - centre d'art et de recherche

    9 esplanade Pierre Vidal-Naquet

    75013 Paris
    +33.(0)1.45.84.17.56
    Adresse postale
    Bétonsalon - centre d'art et de recherche
    Université de Paris
    5 rue Thomas Mann
    Campus des Grands Moulins
    75205 Paris Cédex 13
  • Eaux courantes
  • Séances
  • Cayenne de julien quentel
  • Cette inondation-là, mais en mieux
  • Cette inondation-là, mais en mieux

    CETTE INONDATION-LÀ, MAIS EN MIEUX

    Une expo­si­tion à Pauline Perplexe, 90 avenue de la conven­tion, 94110 Arcueil
    du 3 décem­bre 2022 au 8 jan­vier 2023
    avec les oeu­vres de Charlie Boisson, Marion Chaillou, Anna Reutinger les mots et les voix de Phoebe Hadjimarkos-Clarke, Yasmine El Amri, Léa Rivière et une confé­rence de Yoann Dumel-Vaillot

    Une pro­po­si­tion de Mathilde Belouali-Dejean

    Dans la cour de Pauline Perplexe, cof­frée et enter­rée depuis main­te­nant assez long­temps pour que plus per­sonne de vivant·e ne se sou­vienne l’avoir vue, coule la Bièvre. Rivière locale deve­nue mythi­que, elle a bercé de ses cla­po­tis les habi­tant·es et les arti­san·es, irri­gué les pota­gers et entrainé les mou­lins pen­dant des siè­cles, avant de deve­nir trop sale et trop odo­rante pour être auto­ri­sée à coha­bi­ter avec le pay­sage. Cet ima­gi­naire buco­li­que a bon dos : la Bièvre est deve­nue emblême d’une nature proche et enfouie, que les mai­ries entre­pren­nent de sortir de terre pour rever­dir leurs cir­cons­crip­tions. Sur la route qui mène ici, entre des talus her­beux rem­blayés pour l’occa­sion le long de la dépar­te­men­tale, on peut donc à nou­veau aper­ce­voir ce petit ruis­seau, aussi anodin qu’atten­dris­sant. Pour les deux mai­sons de Pauline Perplexe, il arrive aussi que la Bièvre, gros­sie par les eaux de pluie, remonte pour inon­der les sous-sols : le voi­si­nage d’une rivière, c’est donc par­fois plutôt le sal­pê­tre et l’humi­dité que l’herbe et la frai­cheur. Mais c’est sur­tout, une fois les dégâts passés, une anec­dote assez visuelle et cocasse pour qu’on la raconte sou­vent, et qu’elle fasse désor­mais partie du folk­lore du lieu. C’est bien pour ça que je m’en empare pour intro­duire cette expo­si­tion, qui conju­gue des œuvres avec des textes et des voix, autour d’écoulements, de jaillis­se­ments et de débor­de­ments. Elle s’est cons­truite par asso­cia­tion d’idées, comme des gout­tes s’agglo­mè­rent pour former une flaque, s’il fal­lait filer la méta­phore.

    C’est sûre­ment la pra­ti­que de Yasmine El Amri qui pro­longe le plus direc­te­ment cet inté­rêt topo­gra­phi­que et urba­nis­ti­que pour l’eau douce, ses che­mins et ses dévia­tions, ses lignes de par­tage et ses canaux, qu’elle met en mots et en per­for­man­ces avec beau­coup d’images et de poésie.
    Il y a l’« eau glacée qui bouillonne » des pay­sa­ges esquis­sés par Léa qui porte la Rivière pour nom, dans laquelle se bai­gnent les « les­bien­nes géo­lo­gi­ques » de son texte armes molles, qui nous racontent des his­toi­res de com­mu­nion, de rites et de pas­sa­ges entre des êtres, leurs corps et des pay­sa­ges, avec beau­coup de solen­nité et pas moins d’humour.
    Si une inon­da­tion sur­prend et peut effrayer, il est aussi des gey­sers dont on se laisse volon­tiers asper­ger, et c’est sou­vent sur cette limite que joue Charlie Boisson pour ses ins­tal­la­tions où l’énigmatique fait du pied au féti­chisme, comme ici dans La ronde des choses, qui parle des rela­tions réci­pro­ques entre les objets et les sym­bo­les, et où la dou­ceur et le tran­chant des matiè­res coha­bi­tent nimbés dans une lumière basse.
    « Mais en mieux », alors ? Ce titre est emprunté à Tabor, roman de Phoebe Hadjimarkos-Clarke, qui s’ouvre avec notre monde recou­vert par les eaux, et des sur­vi­vant-es qui se réfu­gient sur des pla­teaux de terre ferme, dans des cam­pe­ments où sont tentés d’autres modè­les de vie en com­mu­nauté, et où Mona et Pauli pour­sui­vent leur his­toire d’amour.
    La malice et la mélan­co­lie des goua­ches de Marion Chaillou, que leur format pour­rait rap­pro­cher d’enlu­mi­nu­res ou de phy­lac­tè­res, le non-événement de ses sujets et sa poésie de l’énumération, me rap­pel­lent vive­ment à l’atmo­sphère qui règne dans le Tabor apparu dans mon ima­gi­na­tion à la lec­ture.

    Enfin, la Bièvre char­rie, avec les manu­fac­tu­res de tapis­se­rie des Gobelins puis de Jouy, une longue et dense his­toire de savoir-faire, de secrets et de cou­leurs à laquelle le projet d’Anna Reutinger fait écho, en ren­dant hom­mage et docu­men­tant les mou­ve­ments de révol­tes pay­san­nes et arti­sa­nes de la fin du Moyen Âge à tra­vers l’Europe. Il ne s’agit pas ici de l’écarlate, qui a rendu les eaux de la Bièvre si pri­sées des tein­tu­rier-es, mais plutôt de la garance, plante connue offi­ciel­le­ment pour ses vertus tinc­to­riel­les et offi­cieu­se­ment pour ses pro­prié­tés abor­ti­ves.
    Et c’est de cette his­toire que s’empa­rera Yoann Dumel-Vaillot pour clore l’expo­si­tions : les débor­de­ments et de sou­lè­ve­ments, les alchi­mies qui pren­nent ou pas, et les légen­des invé­ri­fia­bles aux­quel­les on adore croire.

    Vernissage le samedi 3 décem­bre de 16h à 21h
    18h : Canal du Midi, per­for­mance de Yasmine El Amri
    18h30 : armes molles, lec­ture de Léa Rivière
    18h50 : Lectures par Phoebe Hadjimarkos-Clarke d’extraits de Tabor

    Puis ouver­ture sur rendez-vous

    Finissage le diman­che 8 jan­vier de 14h à 18h
    16h : Conférence de Yoann Dumel-Vaillot : Planter ses choux dans l’autre monde, se faire tendre au colom­bier… Des gué­ri­sons cha­ma­ni­ques en guise de stra­té­gie poli­ti­que

    « Quand ils éclairent le chemin de Muu, celui-ci ruis­selle, comme de sang ;
    le ruis­sel­le­ment s’écoule sous le hamac, comme du sang, tout rouge ;
    le blanc tissu interne des­cend jusqu’au fond de la terre… »
    - Incantation thé­ra­peu­ti­que recueillie au XXe s. chez les indiens Cuna du Panama (d’après Claude Lévi-Strauss, « L’effi­ca­cité sym­bo­li­que », 1949).

    « Le pre­mier que je y trou­vay, ce fut un bon homme qui plan­toit des choulx. »
    - François Rabelais, Pantagruel, chap. XXXII (1532).

    La pré­sence du choux nous conduit à la décou­verte d’un monde plus ancien, qui s’appa­rente d’abord à un monde nou­veau. L’explo­ra­tion de ses cavi­tés, à l’inté­rieur du corps du géant Pantagruel, relève autant de la cure spé­léo­lo­gi­que, que d’une atti­tude stra­té­gi­que vis-à-vis du pou­voir.
    Entre ce monde et l’autre, le dédou­ble­ment spé­cu­laire ouvre alors une pro­fon­deur de champ : elle inter­roge, notam­ment, nos expé­rien­ces ou pos­si­bi­li­tés d’action en termes d’atten­tion et de soin.

    Yoann Dumel-Vaillot est spé­cia­liste de l’œuvre de Rabelais, doc­teur en phi­lo­so­phie et rési­dent volant de Pauline Perplexe. Il a récem­ment co-dirigé un ouvrage col­lec­tif : Rabelais et la phi­lo­so­phie. Poeta sitiens – le poète assoiffé (Kimé, 2022).

    Cette expo­si­tion fait partie de la rési­dence croi­sée « Eaux cou­ran­tes » entre Bétonsalon et Pauline Perplexe. Cette rési­dence reçoit le sou­tien du minis­tère de la Culture - DRAC Ile-de-France dans le cadre du déploie-ment du SODAVI-F, Schéma d’Orientation pour les Arts Visuels en Ile-de-France.

    Vue de l’exposition « Cette inondation-là, mais en mieux » avec les oeuvres de Charlie Boisson, Marion Chaillou, Anna Reutinger, et les mots et les voix de Phoebe Hadjimarkos-Clarke, Yasmine El Amri, Léa Rivière, sur une proposition de Mathilde Belouali-Dejean, Pauline Perplexe, Arcueil, 2022 © Photos : Objets pointus.







    Partager

    Archives Bétonsalon