Le programme Art and Social Practice de l’université de Portland
Le Master of Fine Arts (MFA) « Art and Social Practice » de la Portland State University Oregon (USA), créé par Harrell Fletcher et Jen Delos Reyes, propose à une dizaine d’étudiants une formation de deux ans à une pratique artistique en dehors du modèle « atelier-galerie » empruntant à la sociologie, l’anthropologie, le travail social ou le journalisme... Les étudiants/artistes ne disposent pas d’atelier comme les autres étudiants du MFA (même s’ils peuvent aussi fréquenter des « studios » plus traditionnels) ; mais ils partagent une salle de classe et un bureau. Ils réfléchissent actuellement à un lieu « greffé » dans la ville, car leur travail sort des murs de l’école d’art pour s’inscrire dans des projets contextualisés. Tous les types de médiums – photographie, vidéo, dessin, sculpture, texte, musique, performance, projet curatorial, enquête, entretien – sont considérés comme des outils à combiner. Internet (sites web, blog) permet de documenter des projets éphémères ne se limitant pas à des objets, et de les diffuser auprès d’une audience plus large.
Cette formation permet la transdisciplinarité, et les collaborations avec des artistes (étudiants en MFA, artistes internationaux), des non-artistes (étudiants de Portland, associations, public le plus large), ainsi que des individus, des groupes, et des institutions. « Au lieu d’enregistrer ce qui se passe dans le monde, l’artiste social affecte aussi le monde, mettant les choses en mouvement, encourageant des connexions entre les gens, et organisant la vie quotidienne pour qu’elle ait du sens ».
Plus d’informations sont disponibles sur le site internet du master :
http://psusocialpractice.org
Sur le travail de Harrell Fletcher
« Création d’un projet »
Concernant ma méthode de travail, on me demande souvent d’aller quelque part pour faire un projet, dans un centre d’art, une galerie universitaire ou d’autres lieux. Généralement, c’est un endroit où je ne serais jamais allé si l’on ne m’avait pas proposé de faire quelque chose là-bas. Par exemple Eastern Kentucky University, Croatie, Vietnam, Hartford Connecticut, Houston Texas, etc…
Je me sers de ces invitations de résidence pour apprendre à connaître l’endroit où je suis selon différents modes. Je peux lire des livres, ou regarder des films documentaires, et essayer de construire un projet à partir de ces informations. Je peux aussi aller dans ce lieu, m’y promener et parler aux personnes que je rencontre. Quelques fois, je finis par travailler avec les personnes que je rencontre, et je suis emporté dans leurs vies. Je considère cela comme des expériences d’apprentissage fondamentales, donc de premier plan. Le travail de recherche textuel ou filmique est secondaire. Les deux formes me plaisent. Ce qui m’intéresse vraiment, c’est que de moi-même je n’aurais pu apprendre ces choses – je laisse la direction de ma recherche m’échapper au début.
Je détermine toujours explicitement ce qui m’attire et je veux passer le plus de temps possible à travailler avec des éléments choisis qui me semblent intéressants. Une fois la recherche brute faite, je transforme et expérimente certains de ses aspects en projets pour le public. J’entends partager ce que je trouve intéressant. C’est comme recommander un restaurant ou un film, mais dans mon cas cela se traduit par une vidéo faite dans une station service sur l’Ulysse de James Joyce (1), ou par une exposition sur la guerre du Vietnam à partir du musée de la Guerre au Vietnam (2) ». Harrell Fletcher, Some Thoughts on Art and Education, 2007. Publié sur le site Internet de l’artiste.
Harrell Fletcher est né en 1967 à Santa Maria, California ; il vit et travaille à Portland, Oregon.
- (1) Blot Out The Sun. 2002. Portland, Oregon. Film – Ce projet est né de l’envie de Harrell Fletcher d’aider un habitant de Portland à réaliser son projet. L’artiste rencontre alors Jay, propriétaire d’une station service qu’il considère comme le centre de l’univers, qui souhaitait y tourner un film adapté du livre de James Joyce, Ulysse. Les mécaniciens et les clients jouent des répliques du livre inscrites sur des panneaux en carton. Le film est ensuite projeté sur un mur blanc jouxtant la station service.
- (2) The American War. 2005 – Exposition de photographies. Au cours d’une résidence artistique d’un mois au Vietnam, l’artiste a visité le Musée des restes de la Guerre à Ho Chi Minh City, mémorial pour la Guerre du Vietnam ou « American War ». L’artiste a pris deux cents photographies numériques des images et des textes en évitant les reflets. Ces images ont été imprimées et exposées dans différents lieux aux Etats-Unis. Des films, et des conférences accompagnaient l’exposition.
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