
Deux conversations, la première menée par Vanessa Desclaux, curatrice et critique d’art avec les artistes Aëla Maï Cabel et Jérémy Piningre, et Marion Vasseur-Raluy, directrice du CAC Brétigny ; la seconde, par Vincent Enjalbert et Émilie Renard avec Orla Barry (en anglais)
Alors que de nombreux·ses artistes ont quitté les villes et trouvé refuge dans des territoires ruraux où iels inventent des modes de subsistance alternatifs, iels optent souvent pour une sobriété choisie, s’éloignant autant que possible du paradigme capitaliste et de ses modes de vie compétitifs, cumulatifs et cloisonnés. Iels ajustent leur pratique à leur environnement, aux matérialités et sensibilités spécifiques, insufflant leur créativité partout, puisqu’il ne s’agit plus de distinguer les différents registres d’une vie professionnelle. Ainsi, la pratique artistique s’entremêle avec d’autres pratiques, qu’elles soient artisanales, agricoles, ou d’élevage. Il s’agit donc de travailler artistiquement et de travailler tout en même temps.
Cette conversation en deux temps, avec des artistes de générations différentes, permettra de revenir sur comment la vie d’artiste s’organise avec tout le reste.
Aëla Maï Cabel
Né·e en 1995, Aëla Maï Cabel fonde sa pratique sur l’échange des savoir-faire travaillant notamment la céramique, la performance, l’édition, le textile sous forme d’installations. Son travail prend régulièrement la forme de collaborations avec d’autres. Inspiré.e par les pensées féministes, la science-fiction, iel envisage son travail dans une démarche intersectionnelle et transféministe.
En 2023, iel crée avec Jérémy Piningre la maison d’édition Cardon Luneux et ensemble co- fondent le collectif RONCE. Aëla a étudié à l’Epsaa Ivry, ENSAD Paris, Ensad Limoges, Erg Bruxelles. Iel est formé.e à la Céramique, à plusieurs pratiques textiles. Iel fait parti de la sélection de 66ème Salon de Montrouge, a été en résidence au Wonder en 2022, lauréat.e de «Coopération, Création et Territoire» 22 et 24, du Prix Utopi.e 23, du Prix Fanzine ADAGP 23 avec Jérémy Piningre, Création en Cours avec les Ateliers Médicis 24.
Iel travaille avec centres d’art et galeries : Maison des arts de Malakoff, CIAP Vassivière, CAC Meymac, Centre d’art Ultra, SISSI Club, Frac Ile de France, Frac Limoges, CAPC, Sans Titre, Praz Delavallade, CAC Brétigny.
Jérémy Piningre
Né en 1984. Diplômé de la HEAR en section graphisme/illustration en 2009 avec les félicitations du Jury. Il Habite et travaille entre la région parisienne et la Haute Vienne. Auteur de bande dessinée et graphiste, il explore les narrations non-hiérarchiques dans des récits mettant en scène des collectifs, des micros sociétés et des personnages non humains pour des jeunes publics autant que pour les adultes. Ses livres fouillent les formes de langage hors des normes, alliant langage sms, écritures inclusives et sonorités médiévale.
Il co-fonde la maison de micro-édition Cardon Luneux avec Aëla Maï Cabel en 2022. Iels explorent ensemble la réécriture de comptes traditionnels des territoires qu’iels traversent en les agrémentant de préoccupations contemporaines de genre, de classe et d’écologies. Iels sont aussi à l’initiative de lae colletivfe Adventices qui regroupe une petite trentaine d’artistes et artisan·es
Partisan d’un graphisme dessiné et vivant. Il redessine la communication visuelle de La Station Gare des Mines depuis 2022 et prends la direction artistique du label Warrior Records de 2020 à 2022. Ses livres sont édités par les éditions l’Association, les éditions 2042, les éditions Matière et Animal Press.
Son travail à été exposé à la galerie P38 (Paris), La Galerie BD (Bruxelles), La galerie Yvon Lambert (Paris), Les Urbaines (Lausanne), Quark (Genève), Gallerie Valois (paris), Pauline Perplexe (Arcueil) et au Frac Poitou Charentes (Angoulême) et au Frac Île-de-France (Romainville).
Vanessa Desclaux
Enseignante à l’école nationale d’art et de design de Dijon depuis 2011, Vanessa Desclaux est titulaire d’un doctorat en Curating (Goldsmiths, Université de Londres), elle articule la recherche et la pédagogie à une pratique curatoriale transdisciplinaire.
Vanessa Desclaux a travaillé dans différentes institutions artistiques (Tate Modern, Frac Nouvelle-Aquitaine MECA) et a collaboré, en tant que commissaire indépendante, à des projets dans différents lieux en France et en Europe. Membre de l’AICA, elle est l’autrice de nombreux textes dans différents médias spécialisés et d’essais publiés dans des catalogues et monographies d’artistes. Elle a récemment publié avec l’artiste Agnès Geoffray l’ouvrage «elles obliquent elles obstinent elles tempêtent» (Textuel, 2025).
Marion Vasseur Raluy
Marion Vasseur Raluy est directrice du CAC Brétigny depuis mai 2025. Pendant la période des travaux du bâtiment, elle imagine une programmation hors les murs associant expositions, résidences de territoire et de recherche et un nouveau Festival. Son projet pour le centre d’art s’intéresse aux connexions entre art visuel, art vivant et littérature, l’apparition et la diffusion des pratiques artistiques hors les murs, ainsi qu’aux méthodes d’échange de savoirs empruntées à la psychothérapie institutionnelle.
De 2014 à 2016, Marion Vasseur Raluy a codirigé l’espace indépendant Shanaynay, implanté à Ménilmontant, avec les artistes et commissaires Ana Iwataki, Louise Sartor, Naoki Sutter Shudo et Sabrina Tarasoff. De 2021 à 2025, elle a occupé le poste de commissaire associée au programme de résidence au Capc, musée d’art contemporain de la ville de Bordeaux. Elle y a signé plusieurs expositions personnelles, dont celles de Niklas Taleb et Phung Thien Phan en 2022, Jasmine Grégory en 2023 (co-commissariat de Claire Hoffmann), ainsi que l’exposition collective «Itinéraires Fantômes» en 2024 (co-commissariat d’Ana Iwataki).
