Conférence de Sofia Batko, dans le cadre de l’exposition « L’indomptable Main » d’Hedwig Houben et à l’occasion de l’été culturel 2025.
Dans Etudes sur l’hystérie, Freud et Breuer indiquent que le symptôme de l’hystérique est une forme de « symbolisation somatique » : son corps est inscription d’un langage. Le travail de Hedwig Houben autour de cette « main indomptable » n’est pas sans évoquer les symbolisations somatiques des hystériques de Freud, telles que la paralysie à la jambe d’Elizabeth von R. ou l’aphonie de Dora. Or, le symptôme hystérique est une forme de traduction dont les enjeux inconscients témoignent de la situation spécifique des femmes au tournant du XXème siècle en Occident. S’il apparait ainsi comme une langue c’est qu’il permet de dire dans le corps ce que les conditions sociales empêchent d’énoncer. Il n’est donc pas étonnant que certaines féministes des années 1970 en France aient revendiqué la figure de l’hystérique car elle témoigne du caractère indissociable du psychique et du somatique, de l’intime et du politique. A partir d’extraits d’écrivaines de la décennie telles que Monique Wittig et Hélène Cixous nous réfléchirons dans cette conférence aux relations entre corps, art et écriture dans une perspective féministe.
Sofia Batko
Sofia Batko (LEGS) est titulaire d’un master de philosophie de l’Université PSL et d’un master de psychanalyse de l’Université Paris Cité. Elle termine actuellement un doctorat en études de genre et philosophie à l’Université Paris 8. Sa thèse porte sur la réinvention de l’amour dans le féminisme français des années 1970, en particulier dans la littérature de Monique Wittig et d’Hélène Cixous, à partir d’une lecture de l’enseignement de J. Lacan. Ses recherches se situent à l’intersection de la philosophie et la psychanalyse avec un intérêt particulier pour les questions liées au genre et aux sexualités. Elle est l’autrice de l’article Quelques pistes pour une relecture féministe de la figure de l’hystérique dans la psychanalyse publié dans la revue Psychologies, genre et société.
La Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France – Ministère de la Culture