
Conférence de Joana Masó et discussion avec Florian Fouché
Conférence de Joana Masó
Le psychiatre François Tosquelles a pris part, dès les années 1930, au grand projet de transformation des institutions psychiatriques, à travers des formes de sociothérapie et d’ergothérapie qui faisaient une place aux coopératives et au travail au sein de l’hôpital. Les pratiques artistiques y étaient entrelacées avec d’autres pratiques collectives, comme le cinéma, le théâtre, le chant ou l’écriture, qui n’accordaient pas une place spécifique à l’art ni à ce que l’on appellerait par la suite les ateliers d’art-thérapie. Or, ces œuvres sont arrivées dans notre histoire de l’art et dans nos musées non pas comme des œuvres qui portaient avec elles un projet d’émancipation et des asiles et de la folie, mais comme des œuvres de « malades » isolé·es, séparé·es de la culture, sous l’étiquette de l’art brut. C’est ce grand malentendu historique et politique qu’il s’agit de défaire aujourd’hui.
Présentation de Florian Fouché
En 1994, Irina Nicolau rédige (en français) « Le musée antidote », manifeste inspiré de l’expérience du musée du Paysan roumain : « On ne va pas au M.A. comme à l’église, ni comme à l’école, au tribunal, à l’hôpital, au cimetière, mais comme au musée. » Florian Fouché mettra en perspective « la salle Temps » initiée par Irina Nicolau, une « installation politique » où les objets sont en état de « mort assistée ».
Joana Masó
Joana Masó enseigne la littérature française à l’Université de Barcelone, où elle est chercheuse à la chaire UNESCO Femmes, développement et cultures. Commissaire d’exposition, elle travaille à la croisée de la littérature, l’art contemporain et le genre. Depuis 2017, elle dirige à l’Université de Barcelone le projet de recherche Le Legs oublié de François Tosquelles. Elle a publié Tosquelles. Soigner les institutions (L’Arachnéen, 2021) et le catalogue La déconniatrie. Art, exile et psychiatrie autour de François Tosquelles (Les Abattoirs, 2021). Cette année sera publié aux Éditions Macula son livre, co-écrit avec Éric Fassin, consacré à Else von Freytag-Loringhoven et Marcel Duchamp. Elle travaille actuellement sur les différentes modalités de restitution du dit ‘art brut’ de Saint-Alban via l’héritage critique de Tosquelles.