Bourse ADAGP & Bétonsalon 2022
Le comité artistique de la bourse ADAGP / Bétonsalon s’est réuni le 23 mai 2022 et a choisi Abdessamad El Montassir comme lauréat. Il est le cinquième artiste à bénéficier de cette bourse après franck leibovici (2017), Liv Schulman (2018), Euridice Zaituna Kala (2019) et Anne Le Troter (2021).
La bourse de recherche ADAGP / Bétonsalon, auparavant associée à la Villa Vassilieff, est une dotation de 20 000 euros destinée à soutenir un artiste dans un travail de recherche sur plusieurs mois. Bétonsalon – centre d’art et de recherche accompagne l’artiste dans son processus de recherche et de production, l’artiste reçoit 5 000 euros d’honoraires et 10 000 euros pour la production.
Abdessamad El Montassir, Al Amakine, 2016-2020
Installation de caissons lumineux et pièce sonore 8.1.
Projet réalisé avec le soutien de Le Cube – independent art room, Rabat, Carte
Blanche par Al Safar, l’Institut Français du Maroc, Pro Helvetia Cairo, l’IMéRA
avec l’aide du Labex RFIEA+, la plateforme Chroniques coordonnée par SECONDE
NATURE et ZINC et le gmem-CNCM-Marseille.
Vue de l’installation à la biennale Chroniques, par Pierre Gondard.
© Abdessamad El Montassir / ADAGP.
LE PROJET ARTISTIQUE : MÉMOIRE DES CENDRES
Natif du Sahara au sud du Maroc (Sahara Occidental), Abdessamad El Montassir a grandi dans la ville de Boujdour. C’est dans cette région que s’ancre le projet Mémoire des cendres qu’il souhaite développer avec la bourse de recherche et de production ADAGP / Bétonsalon.
Pour cette recherche, Abdessamad El Montassir souhaite évoquer l’invisibilité de l’histoire du Sahara, ses savoirs, ses traumatismes et leurs transmissions. Il cherchera à éprouver des moyens alternatifs de transmission dans le respect du droit à l’oubli, et questionnera comment ces traumatismes peuvent être le support d’une nouvelle forme d’historisation. Qu’advient-il des mémoires empêchées, confisquées à l’imaginaire collectif ? Que peuvent montrer ou raconter les images ? Comment relayer le « vide », « l’absence », « le fantôme » ? Quelle forme donner à l’oubli ?
Jusqu’en 1991, le Sahara au sud du Maroc est le cœur d’un conflit qui a infligé des blessures profondes à la société civile. Les populations se sont installées en zone urbaine, mettant fin à leur mode de vie traditionnel et surtout, à des formes de transmissions ancestrales. Aujourd’hui, malgré un cessez-le-feu couvert par l’ONU, les tensions sont toujours existantes.
En prenant le Sahara au sud du Maroc comme principal site d’investigation de nouvelles formes de création et d’expériences de transmission des mémoires, ce projet s’appuiera sur la publication Necessità dei volti et ses annexes, conservées à la Bibliothèque Kandinsky. Cette publication existe en un très petit nombre d’exemplaires et aucun exemplaire ne se trouve dans la région. Ainsi, malgré cette publication, l’absence d’archive se prolonge localement. Elle ouvre sur des questions qui traversent la possession et la diffusion des images, surtout quand celles-ci touchent des contextes de conflits : Qui parle ? D’où ? À la place de qui ?
À travers le projet Mémoire des cendres, Abdessamad El Montassir envisagera des trajectoires futures d’identités individuelles, collectives, humaines et non-humaines, en réponse à un manque de récit, à une amnésie qui hantent le Sahara.
ABDESSAMAD EL MONTASSIR
Né en 1989.
Vit et travaille entre Boujdour et Marseille.
Les recherches d’Abdessamad El Montassir sont axées sur une trilogie : le droit à l’oubli, les récits fictionnels et viscéraux, et le trauma d’anticipation.
Abdessamad El Montassir est diplômé de l’Institut National des Beaux- Arts de Tétouan, ainsi que du master Production artistique et éducation esthétique de l’École Normale Supérieure de Meknès.
De 2017 à 2020, il est chercheur associé à l’IMéRA – Institut d’Études Avancées de l’Université d’Aix-Marseille.
Il a participé à plusieurs expositions nationales et internationales, parmi lesquelles Mémoire des cendres curatée par Paul de Sorbier à La Maison Salvan à Labège, Ce qui s’oublie et ce qui reste curatée par Meriem Berrada et Isabelle Renard au Musée National de l’Histoire de l’Immigration à Paris, Les Sentinelles curatée par Pascale Cassagnau, Camille Leprince et Françoise Cohen à l’Institut du Monde Arabe de Tourcoing, Maa ka Maaya ka ca a yere kono pour les 13ème Rencontres de Bamako, The Promise of Grass curatée par Adwait Singh pour la 5ème Biennale de Mardin, Quand je n’aurai plus de feuille curatée par Gabrielle Camuset à La Villa du Parc à Annemasse, Demain c’est seulement dans un jour curatée en ligne par Taous R. Dahamni pour Le Jeu de Paume Lab, About Now à la galerie Cécile Fakhoury de Dakar, Surgir des cendres dans le cadre de Chroniques - biennale des imaginaires numériques à Aix-Marseille, Invisible curatée par Alya Sebti pour la 13ème biennale de l’Art africain contemporain de Dakar et l’ifa-Galerie à Berlin, Leave No Stone Unturned curatée par Clelia Coussonnet au Cube - independent art room à Rabat, De liens et d’exils à La Villa Empain - Fondation Boghossian à Bruxelles, Saout Africa(s) dans le cadre de la documenta 14 à SAVVY Contemporary à Berlin.
Abdessamad El Montassir a également pris part à plusieurs résidences artistiques dont le Solitude Fellow à l’Akademie Schloss Solitude à Stuttgart, le Programme Art, Science et Société à l’IMéRA à Marseille, ou plus récemment, A.I.R programme au Smith College Museum of Art de Northampton.
Abdessamad El Montassir © Franck Alix & La Cinémathèque de Toulouse.
Abdessamad El Montassir, Galb’Echaouf, 2021
Vidéo HD, son stéréo, 18’43’’
Projet réalisé avec le soutien de AFAC - The Arab Fund for Arts and Culture,
Institut français du Maroc, Pro Helvetia Cairo, Embassy of Foreign Artists,
Le Cube - independent art room, Rabat et La Maison Salvan, Labège.
© Abdessamad El Montassir / ADAGP.
Abdessamad El Montassir, Galb’Echaouf, 2021
Vidéo HD, son stéréo, 18’43’’
Projet réalisé avec le soutien de AFAC - The Arab Fund for Arts and Culture,
Institut français du Maroc, Pro Helvetia Cairo, Embassy of Foreign Artists,
Le Cube - independent art room, Rabat et La Maison Salvan, Labège.
© Abdessamad El Montassir / ADAGP.
COMITÉ ARTISTIQUE 2022
Eva Barois, commissaire d’exposition indépendante, critique d’art et éditrice
Katia Kameli, artiste adhérente à l’ADAGP
Anne Le Troter, artiste lauréate de la bourse en 2021
Nicolas Liucci-Goutnikov, conservateur, chef de service de la Bibliothèque Kandinsky
Émilie Renard, directrice de Bétonsalon
LA BOURSE DE RECHERCHE ET DE PRODUCTION ADAGP/BETONSALON
Cette bourse est destinée à permettre à un artiste de développer un travail de recherche de six mois autour des questions de représentation, de production et de circulation des images, à partir d’un ou de plusieurs fonds photographiques de la Bibliothèque Kandinsky qu’elle ou il pourra identifier. Ces réflexions peuvent s’inscrire dans le champ de l’art – relecture des histoires de l’art, exploration de parcours de vie ignorés et marginalisés, composition de nouvelles lignées artistiques... – mais aussi dans la matérialité même des images photographiques – leurs fabrication, archive, reproduction, exposition et multiples formes de circulations.
L’ADAGP
Créée en 1953, l’ADAGP est la Société des auteurs dans le domaine des arts graphiques, plastiques et photographiques. Forte d’un réseau mondial de près de 50 sociétés sœurs, elle représente aujourd’hui près de 200 000 artistes dans toutes les disciplines des arts visuels : peinture, sculpture, photographie, architecture, design, bande dessinée, manga, illustration, street art, création numérique, art vidéo...
L’ADAGP gère l’ensemble des droits patrimoniaux reconnus aux auteurs (droit de suite, droit de reproduction, droit de représentation, droits collectifs), pour tous les modes d’exploitation : livre, presse, publicité, produits dérivés, enchères, vente en galerie, télévision, vidéo à la demande, sites internet, plateformes de partage entre utilisateurs...
Elle est aujourd’hui devenue, grâce à la richesse et à la diversité de son répertoire, l’une des plus importantes sociétés d’auteurs au monde.
LA BIBLIOTHÈQUE KANDINSKY
La Bibliothèque Kandinsky, centre de documentation et de recherche du Musée National d’art Moderne – Centre de Création Industrielle au Centre Pompidou, conserve et met à disposition d’un public spécialisé d’importants fonds d’archives et collections documentaires sur l’art des XXe et XXIe siècles.
Avec le soutien des programmes de la Ville de Paris au travers des programmes de résidences internationales au Centre d’accueil et d’échanges des Récollets
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